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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




vendredi 12 avril 2024

LES RATS ATTAQUENT

 


LES RATS ATTAQUENT
(Deadly Eyes)


Réalisateur : Robert Clouse
Année : 1982
Scénariste Lonon F. Smith, Charles H. Eglee
Pays : Canada, Hong-Kong
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Sam Groom, Sara Botsford, Lisa Langlois, Cec Linder, Scatman Crothers...


L'HISTOIRE Après avoir mangé du maïs contaminé, des rats se transforment en prédateurs féroces et se mettent à attaquer les humains, tout d’abord, des personnes isolées, puis un cinéma et une rame de métro. Kelly Leonard, inspectrice au département de la santé, et Paul Harris, professeur, vont tenter d’arrêter cette invasion sans précédent...

MON AVIS : Principalement célèbre pour avoir réalisé Opération Dragon en 1973, Robert Clouse s'est également illustré dans quelques films bien sympathiques, comme La Ceinture Noire avec Jim Kelly en 1974, New York ne répond plus avec Yul Brynner en 1975, Le Chinois avec Jackie Chan en 1980 ou Gymkata - Le parcours de la mort en 1985 entre autres. Et en 1982, on le retrouve aux commandes d'une production mi-canadienne, mi-hongkongaise avec Les Rats attaquent, dont le scénario est basé sur le roman culte de James Herbert, Les Rats. N'ayant toujours pas lu ce roman, ni ses deux suites, je ne saurais dire si le film est fidèle à l'oeuvre littéraire. Toujours est-il que le projet est initié par la Golden Harvest, firme chinoise voulant conquérir les marchés occidentaux, et que cette dernière choisit au départ Paul Lynch pour mettre en scène le film. Mais le réalisateur du Bal de l'Horreur est congédié trois semaines avant le début du tournage et remplacé par Robert Clouse. Ce dernier a déjà tâté du film d'agression animale avec The Pack en 1977. Niveau casting, Les Rats attaquent se pare de quelque têtes connues, comme Scatman Crothers, acteur noir vu dans pléthore de séries-télévisées et films divers, dont le Shining de Kubrick bien sûr ou bien encore Lisa Langlois, la "punkette" vulgaire de Class 1984 qu'on a également vu dans le slasher Happy Birthday ou le film de monstres The Nest - Voyage au bout de l'horreur par exemple. Le duo de héros est quant à lui interprété par Sam Groom et Sara Botsford. Après les chiens de The Pack, Robert Clouse doit donc composer avec des rats. Des rats de taille développée, ce qui l'oblige donc à recourir à un subterfuge déjà utilisé dans le film The Killer Shrews aka Les Musaraignes tueuses en 1959, à savoir utiliser des chiens de petites tailles qu'on déguise en monstres poilus. Robert Clouse se retrouve donc avec des teckels recouverts d'un déguisements évoquant de méchants rats ainsi qu'avec des têtes de marionnettes pour les scènes de gros plans. Si le réalisateur s'en accommode, avouons que les effets ne sont pas bien folichons et tirent son film vers le nanar, même s'il a l'intelligence de ne pas trop les montrer. Franchement, utiliser de vrais rats aurait sûrement amplifié l'impact du film, et son aspect répulsif. Là, on a plus envie de rire qu'autre chose devant le résultat. Je pense que Clouse en était conscient malgré lui, c'est pourquoi il se focalise principalement sur ses personnages humains, à savoir ce professeur (Sam Groom) qui fait flasher une jeune étudiante (Lisa Langlois) qui lui fait du rentre-dedans assez tonique mais qui ne parvient pas à s'attirer ses faveurs, le prof préférant une inspectrice du département de la santé qui a son âge (Sara Botsford). Tout ce petit monde se croise durant une bonne partie du film et amoindrit l'intérêt de ce dernier, car nous, spectateur pervers, voulons voir des attaques de rats ! A ce niveau, on en aura quelques-unes assez sympathiques même si parfois en hors-champ : on pense à cette baby-sitter et ce petit garçonnet qui vont devenir les victimes des rongeurs par exemple. Plus distrayante, l'attaque d'un cinéma puis l'attaque d'une soirée célébrant l'ouverture d'une nouvelle rame de métro. Bon, pas de quoi se relever la nuit non plus mais là, pour le coup, ça fait gentiment le job. Reste que le ressenti final n'est joue pas vraiment en faveur du film de Robert Clouse, qui a tout de même fait son petit effet dans les vidéos-clubs durant les 80's et les 90's. A revoir avec nostalgie et indulgence.

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS   
Film en VF et VOSTF. Livret 24 pages de Marc Toullec "Dents dures et poings serrés" qui revient sur la carrière de Robert Clouse.


dimanche 31 mars 2024

THE NEST - VOYAGE AU BOUT DE L'HORREUR

 

THE NEST - VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER 
(The Nest)


Réalisateur : Terrence H. Winkless
Année : 1987
Scénariste Robert King
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies...


L'HISTOIRE Après quatre années d’absence, Elizabeth Johnson retourne sur l’île de Northport, aux États-Unis. Elle y retrouve son père, Elias, qui n’est autre que le maire de l’île, ainsi que son ex petit ami, Richard Tarbell, représentant la loi en tant que shérif. Northport, d’ordinaire bien tranquille, est en proie à une série de disparitions inexpliquées de touristes et d’animaux. Alors qu’elle explore l’île, Elizabeth découvre des œufs de grande taille dans une cavité rocheuse. Bientôt, des cafards carnivores s’attaquent à la population, semant d’autant plus la panique qu’ils semblent indestructibles...

MON AVIS : Voilà un film que je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir. Bien sûr, son fameux dessin illustrant la jaquette donnait envie mais je n'avais pas la VHS et je ne l'ai jamais eu dans les mains. Je vais donc pouvoir le découvrir avec plusieurs années de retard grâce au Chat qui Fume, qui le propose en Blu-Ray. The Nest, titré en France Voyage au bout de l'Horreur, est le premier film de Terrence H. Winkless. Un réalisateur très peu connu, dont l'un des faits d'armes est d'avoir été l'un des co-scénaristes du Hurlements de Joe Dante. Avec The Nest, il se lance corps et âme dans le film d'agressions animales, un sous-genre très apprécié des amateurs. Et il le fait avec une réelle originalité puisqu'ici, les animaux dangereux sont des insectes, des cafards pour être précis. Des bestioles qui n'ont pas souvent eu l'honneur d'être les vedettes dans un film, si ce n'est dans le cinquième sketch du Creepshow de George A. Romero ou dans le Joe's Apartment en 1996. Entomophobes, passez donc votre chemin car vous allez être servis ici : ca grouille à foison et comme nos sales bébêtes ont été génétiquement modifiées en plus, elles ont un appétit féroce et provoquent bien des dégâts chez ceux qu'elles rencontrent, le tout à grand renfort d'effets spéciaux gore de qualité ! Des effets qu'on doit à James M. Navarra, qui n'a pas lésiné pour offrir aux spectateurs un vrai voyage au bout de l'horreur ! Pauvre chien complètement dévoré, bras tranché ou arraché, corps qui se décompose sous l'effet des morsures multiples, explosion de crâne et j'en passe, c'est un vrai festival sanguinolent auquel nous avons droit et le spectacle se montre vraiment jubilatoire devant tant de générosité, le summum étant atteint lorsqu'un pauvre malheureux verra deux gros crochets sortir de sa bouche, devenant lui-même une blatte géante. On appréciera également le monstre final, melting-pot de plusieurs victimes fusionnées à la manière d'une créature qui aurait assurément eu sa place dans le The Thing de John Carpenter. Des séquences qu'apprécieront les entomophobes à contrario des scènes d'invasion de centaines de blattes véritables dans un restaurant ou une maison, ce qui ne manquera pas de les révulser et de les faire frissonner. Pour lutter contre ces cafards agressifs, nous avons les acteurs principaux du film bien sûr ! Il y a Richard Tarbell, le shérif de la ville, interprété par Franc Luz ; son ex-petite amie, Elizabeth Johnson, jouée quant à elle par la charmante Lisa Langlois, la punkette du gang de Peter Stegman dans le culte Class 1984 de Mark Lester entre autres et Homer, le spécialiste en désinfection de nuisibles de la ville, joué par Stephen Davies. Trois personnes lambda qui vont devenir les héros malgré eux de The Nest. Qui dit héros dit antagonistes et pour remplir ce rôle, on aura Elias Johnson, le maire de la ville et père d'Elizabeth, interprété par le bien connu Robert Lansing ainsi qu'une vilaine scientifique, le docteur Morgan Hubbard, jouée par Terri Treas. Autre point un tant soit peu original du film de Terrence H. Winkless, le fait que le maire, souvent impliqué dans ce genre d'affaire depuis Les Dents de la Mer en 1975, ne soit pas ici un méchant sans cœur qui n'agit que pour son propre profit. Non, dans The Nest, le maire a laissé les scientifiques mener leurs expériences sur les cafards pour une cause écologique, à savoir arrêter l'utilisation de pesticides et autres produits toxiques dans la lutte contre les nuisibles et les laisser investir de l'argent dans la ville, ce qui ne sera que bénéfique pour tous les habitants. Une noble cause donc mais il s'est fait floué par les scientifiques, qui lui ont menti, notamment au niveau du contrôle de la situation. La vraie méchante du film, c'est donc bien le docteur Morgan Hubbard, qui ne cesse de jubiler devant les capacités voraces de ses bestioles, qui développent également une vraie forme d'intelligence, les rendant d'autant plus dangereuse et incontrôlable. Alors oui, The Nest joue avec tous les clichés déjà vu auparavant dans ce type de film mais il le fait bien et emporte souvent l'adhésion du public. Nous sommes réellement en présence d'une petite série B festive et divertissante, comme les 80'S savaient nous en proposer, et qui en donne pour son argent aux spectateurs. Basé sur un roman d'Eli Cantor et produit par l'écurie Corman (Julie Corman ici), la vision de The Nest - Voyage au bout de l'Horreur s'est avérée une réelle bonne surprise pour ma part et je pense que ce film mérite une plus large reconnaissance parmi les amateurs car il le mérite. Tout n'est pas parfait mais il fait le taf et de manière efficace qui plus est. Merci au Chat qui Fume de l'avoir exhumé pour notre plus grand plaisir.

* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME


samedi 30 mars 2024

LE CHAT ET LE CANARI


LE CHAT ET LE CANARI 
(The Cat and the Canary)


Réalisateur : Radley Metzger
Année : 1978
Scénariste Radley Metzger, John Willard
Pays : Angleterre
Genre : Comédie / Policier
Interdiction : /
Avec :Honor Blackman, Michael Callan, Edward Fox, Olivia Hussey, Wendy Hiller...


L'HISTOIRE Pour le vingtième anniversaire de la mort du richissime Cyrus West, ses héritiers sont réunis dans son château et ils vont enfin connaitre le contenu de son testament. Selon ses dernières volontés, la jeune Annabelle West sera la seule bénéficiaire de sa fortune mais que si elle est déclarée folle ou qu'elle meurt durant la nuit, l'héritage ira à un second héritier. Dans le même temps, tous les invités apprennent qu’un dangereux psychopathe s'est échappé d'un asile et écume la région...

MON AVIS : En 1922 est jouée à Broadway une pièce de théâtre créée par John Willard et intitulée Le Chat et le Canari. La pièce remporta un franc succès, mélangeant atmosphère policière et d'épouvante. En 1927, le réalisateur allemand Paul Léni l'adapte au cinéma sous le même titre Le Chat et le Canari - en France, ce sera La Volonté du Mort - et offre aux spectateurs l'un des premiers films de genre old dark house, c'est à dire un film se déroulant dans une maison qu'on croira hantée et qui mettra en avant des protagonistes dont le seul but sera de s'approprier l'héritage ou la fortune d'un des invités. Ce sous-genre du cinéma d'épouvante trouvera son point d'orgue en 1932 avec le film de James Whale Une Soirée étrange, rebaptisé depuis en La Maison de la Mort. En 1930, on a une seconde adaptation avec le film perdu The Cat Creeps de Rupert Julian. Puis, en 1939, la pièce de John Willard se voit adapter une troisième fois au cinéma par Elliot Nuggent et sort en France sous le titre Le Mystère de la maison Norman. Une nouvelle version verra le jour en 1961 sous forme de téléfilm et enfin, le film qui nous intéresse ici sera réalisé en 1978, il s'agit donc de Le Chat et le Canari de Radley Metzger. Un réalisateur atypique puisque ce dernier n'a mis en scène que des films érotiques et pornographiques au cours de sa carrière, dont le célèbre The Image en 1975. Dès le départ, l'angle d'approche des producteurs et du réalisateur s'éloigne du genre Old dark house. Exit l'ambiance d'épouvante, exit le travail sur la maison en tant qu'entité propre et place à une comédie british avec des personnages décalés et une atmosphère qui lorgne du côté d'Agatha Christie mais sous L.S.D. ! Au casting, on trouve une certaine Honor Blackman, célèbre partenaire de John Steed dans les saisons 2 et 3 de Chapeau Melon et Bottes de Cuir et qui joue ici une lesbienne, en couple avec la jolie Olivia Hussey, la fameuse Juliette du Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968). Une petite touche de modernité mais qui n'est guère développée. On trouve aussi Edward Fox, Carol Linley, Wendy Hiller, Wilfrid Hyde-White, Peter McEnery ou Daniel Massey, ces deux derniers ayant eu un comportement des plus perturbateurs sur le tournage. Un casting qui va donc évoluer au sein du grand manoir de Cyrus West, richissime propriétaire décédé depuis plus de vingt ans et dont la notaire va dévoiler le testament. Les possibles futurs héritiers attendent le verdict final et c'est Annabelle West qui remporte la mise, créant bien sûr des tensions parmi les recalés. Cette séquence du testament est assez originale puisque c'est à travers la projection d'un film aidé par un disque phonographique pour gramophone qu'elle s'effectue, Cyrus West n'étant pas le dernier pour miser sur l'humour noir. On appréciera le passage où la servante passe derrière le petit écran de projection et se "fond" littéralement dans le film. De bonnes idées, Le Chat et le Canari version 1978 en possède pas mal, mais malheureusement, l'angle humoristique choisi par la production, la mise en scène très théâtrale de Radley Metzger (logique me direz-vous vu le matériau de base) et surtout le réel manque de suspense et d'épouvante, si ce n'est cette présence furtive d'un mystérieux tueur, font que j'ai moyennement adhéré à cette proposition, largement inférieure au film de Paul Leni pour ma part. Il faut en effet attendre plus de cinquante minutes avant que l'intrigue ne décolle réellement et l'humour anglais se montre bien trop présent et étouffant en ce qui me concerne. Le souci, c'est que je ne m'attendais pas à une comédie policière quasi parodique mais bel et bien à un film mélangeant thriller et épouvante. Alors oui, on a bien quelques portes secrètes qui s'ouvrent et une fin façon Scooby-Doo avec la révélation de l'identité du tueur mais c'est bien l'ennui qui est venu me prendre par la main. Si vous êtes amateurs de Whodunit à l'humour exacerbé, Le Chat et le Canari 1978 pourra vous séduire par son casting qui n'en finit pas de surjouer et de se chamailler. 

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
En bonus, livret de Marc Toullec "Qui veut gagner des millions ?" (24 pages)



dimanche 3 mars 2024

LE DERNIER DES GÉANTS

 

LE DERNIER DES GÉANTS 
(The Shootist)


Réalisateur : Don Siegel
Année : 1976
Scénariste Glendon Swarthout, Miles Hood Swarthout, Scott Hale
Pays : Etats-Unis
Genre : Western
Interdiction : /
Avec : John Wayne, Lauren Bacall, Ron Howard, James Stewart, Richard Boone...


L'HISTOIRE : Atteint d'un cancer incurable, J.B. Books, un ancien Marshall tireur d'élite, se rend dans la petite ville de Carson City pour y retrouver un ancien ami, le docteur Hostetler, qui lui confirme le diagnostic. Prenant pension chez madame Fleur Rogers, Books désire profiter de ses derniers jours paisiblement et dans la dignité mais la nouvelle de sa maladie se propage rapidement et attire la rancœur de quelques pistoleros voulant se mesurer à "la légende de l'ouest"...

MON AVIS : Pour son dernier film sur les écrans, John Wayne s'offre un très bel écrin avec Le Dernier des Géants de Don Siegel. L'acteur décédera trois ans plus tard, le 11 juin 1979. Pour partager ce chant du signe, le réalisateur octroie à John Wayne un casting de qualité, jugez plutôt : Lauren Bacall, James Stewart, Richard Boone, John Carradine, Scatman Crothers et un jeune Ron Howard qui s'en sort vraiment bien. L'histoire sied à merveille à Wayne également : il interprète un ancien Marshall à la retraite qui se voit atteint d'un cancer inopérable. Plutôt que de se morfondre, il décide de profiter de ses derniers jours et surtout de choisir sa mort. Une mort digne, pistolet à la main. Le Dernier des Géants est un film vraiment touchant, et il porte très bien son titre français, plus emblématique pour le spectateur que celui de The Shootist. Car en 1976, John Wayne est bel et bien l'un des derniers géants de sa génération (il est né en 1907). C'est une figure incontournable du cinéma et du western bien sûr. Tout le monde connaît le Duke ! Adaptation d'un livre de Glendon Swarthout, Le Dernier des Géants se veut attendrissant et émouvant, et il l'est. Le héros souffre, boit un médicament à base d'opium pour se soulager, il est fatigué, autant moralement que physiquement. John Wayne, alors âgé de 70 ans et après avoir lutté contre diverses maladies, incarne à la perfection ce personnage fort et fragile à la fois. Son métier de Marshall l'a empêché d'être marié, il n'a aucun enfant pour s'occuper de lui. Il trouve en la personne de Fleur Rogers (Lauren Bacall) et de son fils Gillom Rogers (Ron Howard) ce réconfort et cette attention qui lui a manqué toute sa vie, même si, comme il le dit, il a eu du bon temps dans sa jeunesse. Le film n'est en rien un western d'action. Il prend son temps, comme le héros qui profite d'aller se promener à la campagne, de se faire réchauffer par les rayons du soleil, tout en sachant que l'inéluctable est en marche. John Wayne joue sobrement, il n'en fait pas des caisses et se montre donc extrêmement touchant. Le final peut-être vu également comme le chant du cygne du western américain, remplacé depuis quelques années déjà par un western italien plus exubérant et qui a su s'adapter à son époque. Quoiqu'il en soit, Le Dernier des Géants est un western admirable qui saura vous toucher au cœur. 


mercredi 7 février 2024

LA NUIT DE LA COMÈTE


LA NUIT DE LA COMÈTE
(Night of the Comet)


Réalisateur : Thom Eberhardt
Année : 1984
Scénariste Thom Eberhardt
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Teen Movie, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Catherine Mary Stewart, Kelli Maroney, Robert Beltran, Geoffrey Lewis...


L'HISTOIRE À la suite du passage d'une comète, l'Humanité est en grande partie décimée. Regina et sa jeune sœur Samantha font partie des rares survivants. Elles trouvent refuge dans le studio d'une radio locale, qui continue d'émettre. Elles y rencontrent un autre survivant, Hector. Dans un monde désormais sans règles, les deux sœurs décident d'aller refaire leur garde-robe dans les centres commerciaux. Mais certains survivants, en partie irradiés, ont été transformés en zombies...

MON AVIS : Pur produit 80's qui ravira les amateurs de coupe de cheveux improbables, de néons flashy et de bande originale composée de chansons bardées de synthétiseurs, La Nuit de la Comète devrait sans problème aller rejoindre d'autres titres du même style en votre possession dans votre filmothèque, à l'image de Night of the Creeps par exemple. Réalisé en 1984 par Thom Eberhardt qui signe également le scénario, La Nuit de la Comète fait partie des films plutôt méconnus voire oubliés dans notre beau pays, ayant toutefois eu les honneurs d'une sortie VHS chez CBS FOX Video. Personnellement, je ne l'avais jamais vu, n'ayant en tête que le faciès du policier zombie dont le maquillage préfigure celui de Freddy Krueger, et pour cause puisque c'est David Miller lui-même qui s'occupe ici des maquillages et que ce dernier a donc fait celui de Freddy la même année pour Les Griffes de la Nuit. Souvent vendu comme un film de zombies, La Nuit de la Comète n'en est pas franchement un, même si on aura trois ou quatre créatures repoussantes à l'écran. Des créatures imposées par les producteurs d'ailleurs, histoire de rajouter une petite touche horrifique au film de Thom Eberhardt qui n'en voulait pas et qui est, au final, bien plus une comédie teen movie post-apocalyptique qu'un film d'horreur à base de morts vivants. Le postulat de départ est plutôt sympa : la comète qui a probablement anéanti les dinosaures lors de son premier passage sur Terre fait son retour des millions d'années plus tard. Pas de bol pour l'Humanité, le résultat est à l'identique : des milliards de personnes sont réduites à l'état de poussière, à l'exception de celles qui étaient à l'intérieur d'un abri renforcée par du métal. D'autres ont eu la chance de ne pas être réduites en poussière mais la malchance d'être irradiées et transformées en monstres pas sympas. Comme déjà dit, n'enclenchez pas La Nuit de la Comète pour en voir des dizaines déambulaient dans les rues, vous seriez déçus. A la place, on va donc suivre deux sœurs et un routier, qui vont devoir composer avec ce nouveau monde dans lequel il n'y a quasiment plus âme qui vive. Les deux frangines sont interprétées par Catherine Mary Stewart et Kelli Maroney. La première est assez connue des amateurs de cinéma fantastique puisqu'on a pu la voir dans Starfighter (1984), dans Annihilator (1986), dans Les anges de la haine (1987), dans Prémonitions (1991) et autre Ghoul (2012) par exemple. La seconde est un peu moins célèbre - quoique - et on a pu la voir dans Shopping (1986), dans The Zero Boys (1986), dans Le Vampire de l'espace (1988) ou dans Scream Queen Hot Tub Party (1991) entre autres. Rendons tout de même à César ce qui appartient à César : le personnage joué par Kelli Maroney dans La Nuit de la Comète a inspiré Josh Whedon pour le personnage iconique de Buffy Summers, la fameuse tueuse de vampire ! Ce qui n'est pas rien vous l'avouerez ! Il faut dire qu'elle se balade souvent en tenue de Pom-Pom Girl dans le film de Thom Eberhardt, ce qui n'est pas anodin quant à l'inspiration du personnage de Buffy. Troisième personnage principal du film, Hector, joué par Robert Beltran, un routier qui va rencontrer les deux sœurs chamailleuses et prendre part à l'aventure. Une aventure placée sous le signe de la teen comedy donc, et dans laquelle l'humour est omniprésent. En effet, les mésaventures de Regina et Samantha sont assez décomplexées et les deux filles font preuve d'une belle insouciance liée à leur âge et surtout au fait qu'elles sont libérées du poids parental. Libres, sans contraintes, sans carcans, elles n'ont en réalité que faire de la situation dramatique dans laquelle elles évoluent, allant même jusqu'à s'éclater dans un supermarché désert, essayant toutes les fringues à leur portée sur le tube Girls Just Want To Have Fun pour ce qui est, à n'en point douter, un vibrant clin d'oeil au Zombie de George A. Romero (1978) et à sa critique de la société de consommation. Pour pimenter un peu l'action, qui est tout de même assez mollassonne reconnaissons-le, le réalisateur / scénariste intègre une équipe de scientifiques qui tente de trouver un remède en ponctionnant le sang des rares survivants. Bon. Au final, La Nuit de la Comète ne m'a pas embarqué plus que ça, malgré ses filtres de couleur à foison et sa bande-son sympa. Son ambiance "pop-sucré" ultra 80's, ses deux héroïnes sympathiques, son envie de rendre hommage à la S-F rétro (on y voit l'affiche de La Course à la Mort de l'an 2000 ou de Red Dust, un projectionniste parle du Météore de la Nuit de Jack Arnold...) et sa mise en scène assez classieuse ne permettent pas de hisser ce film rétro à un niveau d'intérêt suffisant, la faute aux événements proposés, qui sont tout de même assez anémiques et pas franchement intéressants. On a souvent envie d'avoir un peu plus d'action à l'écran. Reste qu'on remerciera l'éditeur Rimini Editions d'exhumer ce genre de petite production qui serait amenée à disparaître des radars, du moins dans notre pays puisqu'au USA, La Nuit de la Comète a eu pas mal de succès. N'hésitez pas à découvrir cette version ado-post-apo de 28 jours plus tard, sans trop en attendre. 

* Disponible en DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
Une édition soignée, comme toujours avec cet éditeur. Boitier trois volets sous fourreau au couleur de la collection. En bonus, on trouve le livret de 24 pages conçu par Marc Toullec intitulé "Deux Sœurs et la fin du monde". 




jeudi 18 janvier 2024

LES CHAMBRES ROUGES

 
LES CHAMBRES ROUGES
(Les Chambres Rouges)


Réalisateur : Pascal Plante
Année : 2023
Scénariste : Pascal Plante
Pays : Canada
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Juliette Gariépy, Laurie Babin, Elisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos...


L'HISTOIRE : Deux jeunes femmes, Kelly-Anne et Clémentine, se réveillent chaque matin aux portes du palais de justice de Montréal pour pouvoir assister au procès hypermédiatisé d’un tueur en série qui les obsède, et qui a filmé la mise à mort de ses victimes. Cette obsession maladive les conduira à tenter par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle, qui pourrait permettre de définitivement confondre celui que l’on surnomme le Démon de Rosemont : la vidéo manquante de l’un de ses meurtres...

MON AVIS : Après plusieurs courts-métrages, le réalisateur canadien Pascal Plante passe au format long dès 2017 avec Fake Tattoos puis avec Nadia, Butterfly en 2020, deux films que je n'ai pas vu. Son nouveau film, Les Chambres Rouges, s'attaque au mythe des red rooms, ces pièces peintes en rouge dans lesquelles un bourreau exécute de manière atroce une jeune victime, le tout étant retransmis en direct sur le darkweb pour une poignée de pervers ayant payé le prix fort en crypto-monnaie pour assister à ces meurtres ultra-brutaux. Le terme général de snuff movie résonnera à l'esprit des fans de cinéma de genre qui se remémoreront le visionnage des deux premiers volets de la saga japonaise des Guinea Pig, de Tesis d'Alejandro Amenabar, de 8MM de Joel Schumacher ou de l'ultra-violent American Guinea Pig de Stephen Biro entre autres. Ceux qui préfèrent la lecture n'hésiteront pas à dévorer l'excellent et ténébreux roman de Cédric Sire, La Saignée, qui met en scène une passionnante enquête policière afin de débusquer le bourreau qui sévit dans une red room particulièrement sordide. Un roman dont certains chapitres font écho au film de Pascal Plante. Outre la thématique des snuff movies et des red rooms, Les Chambres Rouges traite également de la fascination que les tueurs exercent auprès de leurs groupies, ce n'est pas le récent cas de Nordahl Lelandais qui viendra me contredire puisque ce dernier est devenu papa alors qu'il était en prison, ayant rencontré sa femme durant son incarcération à perpétuité. Le film de Pascal Plante nous en présente deux : la solitaire et méthodique Kelly-Anne, superbement interprétée par l'actrice Juliette Gariépy, et Clémentine (Laurie Babin), une jeune femme un peu déboussolée qui est littéralement sous le charme du présumé tueur et bourreau d'une red room, à savoir Ludovic Chevalier (Maxwell McCabe-Lokos). Pour Clémentine, il est impossible que Ludovic Chevalier ait commis les crimes pour lesquels on l'accuse. Sans jamais l'avoir rencontré, elle est totalement persuadé de son innocence, remettant en cause les allocutions de l'avocate des victimes. Plus déroutante est la seconde groupie du film, Kelly-Anne, une hackeuse dont on ne comprend pas les réelles motivations jusqu'au tétanisant final qui possède des images mettant assez mal à l'aise. L'intelligence de Pascal Plante est d'avoir fait de son film Les Chambres Rouges l'antithèse de ce qu'on était en droit d'attendre d'une œuvre traitant ces sombres sujets. Pas une fois le réalisateur ne plonge dans la complaisance gratuite ou dans le débordement visuel gore. Ici, tout est suggéré, mis en exergue par les dialogues (le début du film se déroule dans la salle d'audition et la plaidoirie de l'avocate des victimes mais aussi de l'avocat de la défense met de suite dans l'ambiance...), par le travail sur le son (lorsque les deux vidéos des red rooms sont montrées au membres des jurés ainsi qu'aux familles, nous ne verront aucune image, on se contentera, via Clémentine, d'entendre les cris d'agonie des deux jeunes filles massacrées et mutilées par le bourreau, ce qui ne manquera pas de mettre mal à l'aise) et par le comportement troublant des deux groupies bien sûr. Le comportement de Kelly-Anne nous vaudra une séquence particulièrement malaisante, dans laquelle la jeune femme se déguise comme l'une des victimes de Ludovic Chevalier et vient ainsi au tribunal, espérant provoquer une réaction du sinistre individu. Perturbant au plus haut point. Habile, Pascal Plante distille une atmosphère souvent sordide et éprouvante, le tout avec une grande retenue, ce qui donne à son film un impact et un intérêt certain. Le film n'est certes pas exempt de menus défauts - certaines scènes entre les deux groupies peuvent paraître un tantinet trop longues parfois et auraient méritées d'être plus concises - mais cette plongée dans les tréfonds les plus sombres de l'âme humaine mérite assurément d'être vécue tant elle est souvent fascinante, notamment grâce à l'écriture subtile du personnage de Kelly-Anne, qui est réellement complexe et intrigant. Les Chambres Rouges laisse un goût amer dans la gorge et nul doute que le public non initié soit déstabilisé par cette incursion dans le mal absolu qui gangrène la partie méconnue d'internet. Encore une preuve que la suggestion peut se montrer plus efficace que la démonstration à grand coup d'image sanguinolente.
 

mardi 9 janvier 2024

VISIONS

 

VISIONS
(Visions)


Réalisateur : Yann Gozlan
Année : 2023
Scénariste Jean-Baptiste Delafon, Michel Fessler, Yann Gozlan, Aurélie Valat
Pays : France
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto, Amira Casar, Grégory Fitoussi...


L'HISTOIRE : Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

MON AVIS : Le réalisateur Yann Gozlan est en train, petit à petit, de devenir une référence en matière de thriller cinématographique. Après Captifs en 2010, Un Homme idéal en 2015 et surtout l'excellent La Boite Noire en 2021 - un sommet du thriller paranoïaque à la française - le revoici en 2023 avec Visions. Totalement conquis par son film précédent, c'est avec une forte attente que j'ai donc visionné Visions, nouvelle incursion dans le thriller paranoïaque pourvue d'un casting séduisant et parfaitement en place, à savoir Diane Kruger, Matthieu Kassovitz et Marta Nieto. Ce qui frappe en premier lieu à la vision du film, c'est la réelle maîtrise de l'outil cinématographique de Yann Gozlan. Visuellement superbe, Visions possède une esthétique léchée qui ne pourra que séduire le spectateur qui aime les belles images. Un esthétisme mis au service d'une intrigue complexe qui joue avec le réel et l'imaginaire de manière habile et envoûtante et ce, à travers le personnage d'Estelle, superbement interprétée par une Diane Kruger investie, et dont le visage retranscrit à merveille tous les états psychologiques que va traverser l'héroïne. Estelle mène une vie parfaitement orchestrée : pilote d'avion, tout est millimétré dans ses journées et aucun écart n'est autorisé, même quand il s'agit d'essayer d'avoir un enfant avec son mari Guillaume (Kassovitz). Ce dernier est chirurgien et mène lui aussi une vie où la notion de temps est primordiale. Vivant dans une maison high-tech, le couple est constamment soumis à la pression du temps, tout fait et geste se doit d'être inscrit dans un planning rigide, qui n'offre aucune place à la liberté. Une vie monotone en fait, qui va se voir bousculée par les retrouvailles d'Estelle et de son amie Ana. Dans une vie aussi réglée que celle d'Estelle et Guillaume, Ana représente le danger, l'élément perturbateur qui va venir briser la roue du temps. Elle représente également la tentation, le fruit défendu, la possibilité de sortir des carcans d'une vie sans surprise aucune. On comprend rapidement qu'Ana n'est pas qu'une simple amie pour Estelle et que leur retrouvaille va poser problème et venir densifier l'intrigue. Le temps est donc un élément essentiel dans Visions, et Yann Gozlan lui-même va jouer avec cet élément en faisant avoir à son héroïne des visions dont on ne sait pas si elles sont le reflet du passé ou de l'avenir. Le scénario dévoile peu à peu son machiavélisme et l'intrigue prend le spectateur par la main pour l'emmener dans une aventure qui renvoie à Hitchcock et dans laquelle la part du réel se confond avec la part de l'imaginaire. Les doutes assaillent le spectateur, qui s'interroge sur les détails proposés par le réalisateur, qui se questionne sur les protagonistes et qui se met à inventer ses propres théories. Le personnage joué par Diane Kruger se voit plonger dans une spirale de désirs, de peur et d'incompréhension. Sa vie millimétrée éclate en mille morceaux, sa rigidité et son professionnalisme sont pris à défaut et le fait qu'elle soit pilote d'avion ne rassurera pas les phobiques de ce moyen de transport. La passion plus fort que les carcans, c'est une thématique de Visions, thriller psychologique aux rouages parfaitement maîtrisés et qui tente de nous perdre dans ses dédales labyrinthiques qui nous font aussi penser à David Lynch. Si votre vie savamment orchestrée peut voler en éclats en tournant du mauvais côté d'un croisement, le feriez-vous ? Regardez Visions et le destin de Diane Kruger. La question méritera réflexion. Encore une belle réussite de Yann Gozlan !

* Disponible en VOD, DVD et BR chez M6 VIDEO dès le 24 janvier 2024
En bonus, le court-métrage Echo de Yann Gozlan